Café philo le 7 avril de 18h00 à 20h00
Peut-on se passer de pouvoir?
La question semble coller à l’actualité même et se trouve donc prise dans les opinions et leurs conflits. Toujours est-il que demeure la question du pouvoir, de sa nature, de sa légitimité, de son exercice et il ne semble pas y avoir de société qui puisse fonctionner sans pouvoir. Même s’il y a des sociétés qui existent sans Etat. Ainsi toute organisation sociale suppose une « gestion » de l’autorité exercée par le pouvoir en place quelles que soient ses formes historiques ou politiques. Mais qu’est-ce donc que le pouvoir ? Il s’entend en deux acceptions : le pouvoir de qui signifie la capacité, la force d’accomplir certains actes et le pouvoir sur qui est la capacité, fondée sur une inégalité de statut ou une différence de forces, de contraindre un individu ou un groupe. Parler de possibilité effective renvoie à la réalité de la force alors que l’autorité et la contrainte peuvent être aussi de l’ordre de la possibilité juridique ou morale. Toutefois on peut avoir le pouvoir juridique et manquer de la possibilité effective (l’inverse étant aussi possible). Tout pouvoir a tendance à se légitimer, y compris les pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux, c’est-à-dire à chercher une reconnaissance objective plus ou moins acceptée afin de sortir du simple fait qui lui n’a jamais fait droit ! Or pour consentir à une autorité politique ne faut-il pas parvenir à une sorte de contrat entre les gouvernants et les gouvernés ? Si tel n’était pas le cas le pouvoir en place serait toujours menacé par des violences possibles supérieures peut-être à celles qu’il exerce. N’est-ce pas pour cette raison que chaque pouvoir cherche à s’instituer, à faire droit et ainsi à s’octroyer l’usage légal de la violence ? Toutefois tout pouvoir ne reste-t-il pas inséparable de la contrainte, c’est-à-dire de cette réalité et puissance qui entraîne les hommes à faire ou à accepter ce qu’ils ne désirent pas ? Pour ce faire il y a deux fondements du pouvoir : la force ou la loi. La première semble être uniquement source de contrainte et ne dure qu’autant que le plus fort le reste. La seconde ne rendelle pas possible la liberté ? Paradoxe qu’il convient de lever si l’obéissance à la loi est choisie. Rousseau : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. » Ne comprenons-nous pas ainsi qu’il y a essentiellement trois modalités de rapport au pouvoir : 1- la soumission à la puissance, 2- l’obéissance à la loi, 3- la contestation. Ces 3 modalités peuvent bien sûr se combiner au gré d’équilibres et de déséquilibres qui font de nous des individus parfois paradoxaux, contradictoires, serviles ou combattifs etc… Il n’est donc pas facile d’échapper au pouvoir si tant est que dès notre enfance nous y sommes soumis et confrontés. L’éducation n’est-elle pas la recherche d’un équilibre entre contrainte et liberté, obéissance et autonomie, autorité et soumission ? Tous nous sommes confrontés au pouvoir et pouvons-nous vraiment nous en passer ? Quelles en seraient alors les conséquences possibles ? Que vaudrait une société sans pouvoir ? Seraitelle seulement viable ? Ne serait-ce pas la guerre de chacun contre tous et réciproquement ? Mais dire ou affirmer que le pouvoir est nécessaire ne suffit sans doute pas à la légitimer. Quel pouvoir serait donc le moins toxique pour une éducation ouverte capable de faire l’homme et le citoyen ? Que peuvent bien valoir les utopies anarchistes qui réclament haut et fort que l’Etat est source permanente de conflits et de misères, et qu’il faut donc l’abolir ? Et, pour finir en relançant la question, que vaut le pouvoir intérieur de chacun qui ne pourrait qu’obéir qui à des pulsions, à des forces intérieures qui le dépassent de beaucoup et auxquelles il/elle est soumis ? Nous le comprenons bien se passer du pouvoir ne reste-t-il pas un idéal, un rêve ou un ardent désir ? Pour autant devons-nous y renoncer ?
Voilà autant de pistes et de questions que nous essaierons de suivre ensemble.
Jean Yves MERCURY
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