Archives de l’auteur : lekairn65

Avec Broute en librairie et les goguettes en folie

23/11/20

Un moment avec broute en librairie

https://mail.google.com/mail/u/0?ui=2&ik=cb49ebf7bb&attid=0.1&permmsgid=msg-f:1683608843064073057&th=175d6152978a5b61&view=att&disp=safe

23/11/20

Et vive les goguettes ! Et si ça vous plait, il y a plusieurs vidéos très chouettes sur leur site http://lesgoguettes.fr/

https://youtu.be/sAzO4IFa3hE

https://youtu.be/jYhnR_dxRrg

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Sophie DIVRY

23/11/20

Ce texte de Sophie Divry, écrivaine, bouleversant de vérité :

« BASCULE.

En début de semaine, sur France Inter et sur France Culture, il y avait parallèlement deux spécialistes du droit des libertés. Maurice Spinozi, avocat, et Jean-Marie Delarue, l’ex-contrôleur général des lieux de privation de liberté. Tous deux alertaient sur la perte des libertés publiques, et la multiplication des lois sur la sécurité.

Delarue disait gravement : « Ce que nous avons mis des décennies à construire peut être détruit en une matinée. » Spinozi disait : « On construit aujourd’hui la législation pour notre asservissement de demain ».

Il y a une dérive autoritaire. Ce ne sont plus seulement Ruffin ou Mélenchon qui le disent, elle est soulignée jusque dans les rangs de LREM.

La pandémie (réelle et inattendue) fait passer toutes les démocraties dans un bain révélateur. Si je regarde mon pays, objectivement,  il n’y a plus de séparation des pouvoirs. Le présidentialisme est plus que renforcé. La police a une impunité de fait. Le Président décide seul avec le Conseil de Defense, qui, de la bouche de Darmanin lui-même est en passe de remplacer le Conseil de Ministres. Le Parlement est muselé par l’Etat d’urgence.

Ce matin-là, je me suis dit que vraiment, on bascule. Et qu’il faut s’en rendre compte et réagir. Deuis des mois je lis des tribunes de juristes constitutionalistes qui hallucinent sur le niveau de contrôle de population. Maintenant c’est l’ONU qui fait des rapports de plusieurs pages sur le climat liberticide.

Car ce n’est pas que l’article 24 sur l’interdiction de filmer la police dans ses exactions. Il y a aussi la loi sur la recherche ; on veut créer un délit passible de 3 ans d’emprisonnement en cas d’occupation des facs.

Que se passe-t-il ?

Au début du reconfinement, à la radio, lors d’une foire aux questions, un auditeur appelait pour demander si la police avait le droit de « rentrer chez moi pour vérifier qu’ils étaient moins de 6 à table ». On en est donc à se poser ce genre de questions ?

Tout ce qui était impensable devient questionnable, puis proposé, et tout ce qui est proposé devient loi. On a du mal à y croire, à ce basculement.

Il m’obsède.

C’est comme la grenouille dans l’eau qui chauffe. A quel moment va-t-on bondir de l’eau qui bout et sauver notre démocratie ? A quel moment va-t-on entrer en résistance et comment ?

Maintenant que le vaccin se profile, maintenant que nous connaissons mieux les gestes-barrières, quand dira-t-on que l’urgence, maintenant, « en même temps »,  c’est la liberté ?

Et comment résister à ce glissement ? Comment aussi valoriser nos droits individuels plutôt qu’une soumission sans réserve ? Comment éviter les discours complotistes tout en alertant sur le fait que notre pays n’est plus ce qu’il prétend être ?

En tout cas il ne faudra pas compter sur les journalistes de France Inter. Nicolas Demorand et Léa Salamé sont toujours du côté du pouvoir, et ce matin-là aussi. Ils jacassaient : « Mais il y a des attentats, et on ne doit rien faire !? », « Les Français les veulent ces lois sécuritaires ! » « Vous ne pensez pas qu’il y a un problème de sécurité en France ? » Jamais on ne les entendra dire qu’ils étouffent, qu’ils s’inquiètent, qu’ils sont choqués par le retour de la force comme seule logique pour la France.

La multiplication des discours complotistes se déploie sur le manque global d’esprit critique des journalistes. Il aurait fallu sentir les journalistes vigilants, inquiets, défendants nos libertés  individuelles, et pas uniquement  leurs libertés professionnelles quand, évidemment, elles finissent par être attaquées aussi. Pourquoi aucun journaliste  n’a demandé au Président : « Mais quel intérêt de dépasser ou pas le 1km ? »  « C’est grave de priver nos concitoyens de leur liberté de culte, non ?  » Aucun journal n’a lancé de campagne, même mesurée, contre ces attestations ridicules. Les médias ne donnent pas assez la voix à nos inquiétudes. Moi je suis très inquiète.  Non seulement d’un pouvoir hors de contrôle, mais de la perte du sens des libertés individuelles chez chacun de nous. »

 


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liens documentaires

23/11/20

Cultiver l’incertitude pour croître dans un environnement instable ? On en parle avec Dorian Astor, philosophe nietzschéen à l’occasion de la parution de « La passion de l’incertitude (Ed. de l’Observatoire, sep. 2020) https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/comment-vivre-dans-un-monde-incertain

 


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sites thinkerview

QU’EST-CE QUE THINKERVIEW ?

« ThinkerView est un groupe indépendant issu d’internet, très diffèrent de la plupart des think-tanks qui sont inféodés à des partis politiques ou des intérêts privés. » Marc Ullmann.

THINKERVIEW A POUR OBJECTIFS

– Mettre à l’épreuve les idées/discours en décelant leurs failles, leurs limites.
– Écouter les points de vue peu médiatisés afin d’élargir nos prismes de lecture.
– Appréhender toute la complexité des enjeux actuels et futurs de notre monde.

https://www.thinkerview.com

 


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livre, raviver les braises du vivant, Baptiste Morizot

Raviver les braises du vivant

Baptiste Morizot

02 Sep, 2020

Face à la crise écologique actuelle, à la fragilisation du vivant, nos actions semblent impuissantes. Mais c’est peut-être qu’on protège mal ce qu’on comprend mal. Et si nous nous étions trompés sur la nature de la “nature” ? La biosphère n’est pas un “patrimoine” comparable à un monument qu’on détruit. Le vivant – l’ensemble des processus éco-évolutifs – est une force de régénération et de création continue. Le vivant n’est pas une cathédrale en flammes – c’est un feu qui s’éteint. Le vivant est le feu lui même. Un feu créateur. Un feu qui n’est pas en notre pouvoir, mais qui est à défendre ; fragilisé par nos atteintes, mais plus puissant que nous. Ce n’est pas nous qui l’avons fait, c’est lui qui nous a faits. Le défendre, ce n’est donc pas le rebâtir, c’est l’aviver. La biosphère est un feu vivant qui peut repartir, si nous lui restituons les conditions pour qu’il exprime sa prodigalité. Comment attiser les braises ? À partir d’une étude de cas sur une initiative de défense des forêts en libre évolution, il s’agit de montrer ce qui fait un “levier d’action écologique” d’envergure – afin de pouvoir en imaginer des milliers. Nous ne sommes pas des Humains face à la Nature. Nous sommes des vivants parmi les vivants, façonnés et irrigués de vie chaque jour par les dynamiques du vivant. Nous ne sommes pas face à face, mais côte à côte avec le reste du vivant, face au dérobement de notre monde commun. Tout l’enjeu est là : que devient l’idée de “protéger la nature” quand on a compris que le mot “nature” nous embarquait dans une impasse dualiste, et que “protéger” était une conception paternaliste de nos rapports aux milieux ? Cela devient raviver les braises du vivant, c’est-à-dire lutter pour restituer aux dynamiques de l’éco-évolution leur vitalité et leur pleine expression. Défendre nos milieux de vie multispécifiques. L’ancienne protection de la nature était confisquée par les experts et les États, cet ouvrage se penche sur des initiatives qui révèlent un mouvement puissant, qu’il faut accompagner et nourrir : la réappropriation, le reclaim citoyen de la défense du tissu du vivant, du soin des milieux de vie. Nous sommes le vivant qui se défend.

 


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compositions personnelles, chronique d’un papa qui pédale en Val d’Azun

Le 21/11/20
Chronique d’un papa qui pédale en Val d’Azun pour que l’on transforme nos peurs en courage.
 Retrouvons raison avant que l’autoritarisme l’emporte.
Premier novembre
Ma fille regarde et écoute cette vidéo et surtout ne t’inquiète pas de la suite, à l’origine elle était pour toi. Au travers de ce message, je vais mettre en avant ma désobéissance civique volontaire. Parce que ce mois de novembre ne peut pas continuer ainsi. Je m’appelle Franck Boucher et je vis 1 rue Lanne Dessus à Arrens Marsous. J’ai fait cet après-midi, une sortie VTT de 3h à plus de 1 km de chez moi et sans attestation ! Je suis donc répréhensible d’une amende de 135 euros et pourtant demain je vais recommencer. Alors je serai sous le coup (et sous le coût!), cette fois, d’une amende de 1500 euros ( en période de crise pour faire un tour de vélo ) et après-demain…. je recommencerai et ainsi chaque jour et sans me cacher ni tricher, car je ne suis pas un délinquant. Pourtant dans 3 jours, au travers de cet acte de résistance je risque 6 mois de prison !!!!!! Oui… on vit dans un monde ou maintenant on peut être passible de prison pour avoir fait une balade de 6 km à bicyclette. Donc après-demain, Mrs les gendarmes, vous pouvez venir m’arrêter à mon adresse, mais si la France m’emprisonne… vous saurez alors tous dans quel type de pays nous vivons… La preuve sera faite que la France de Pétain est de retour et que notre police sera proche de celle de Vichy. S’il ne m’arrive rien … Alors cela sera une bouffée d’espoir pour nous tous et je vous invite alors, chacun à votre façon, d’arrêter de vous priver de votre essentiel tant que celui-ci ne fait pas de vous un gangster 📷Je n’appelle pas à briser le confinement sanitaire , j’appelle à ne plus avoir peur ! Hormis en forte densité urbaine et dans des lieux confinés, je mets mon masque même si sur la boite il est écrit qu’il ne me protège pas! Je le mets pour le moindre mal, pour protéger les autres et vraiment UNIQUEMENT, en ces lieux à risque, mais partout ou il y a de la nature, je m’autorise à désobéir, à marcher le temps qui me plait et bien plus d’un Km, car mon esprit et mon corps en ont besoin pour rester sain et pouvoir renforcer mes défenses immunitaires. Mais aussi pour quitter l’air de chez moi et surtout et enfin pour rester connecté au réel, à cette nature qui à toujours eu la bonté de nous donner ce que nous avions besoin. Résistez comme moi, pacifiquement, contre ce monde où vendre un livre est devenu illégal comme dans les pires scénario d’anticipation!!! Mais résistez en ne vous laissant pas prendre votre liberté lorsque la loi devient déraisonnable et fait de vous un délinquant, alors que vous savez que dans votre for intérieur, vous êtes honnête et que pour votre santé, pour votre bien et le bien de tous, vous avez raison !!!! Oui ce matin j’ai halluciné de découvrir les rayons de livres des supermarchés calfeutrés, bâillonnés, interdits d’accès !!!!! Mr le Président, plutôt que d’interdire le commerce de livres en France ( hormis en passant par la grande librairie de votre pote Amazone ) ne valait-il pas mieux autoriser les libraires indépendants d’ouvrir ?! Tout le monde devrait avoir le droit de pouvoir continuer d’acheter et de vendre des produits culturels, car c’est de notre bien des plus précieux que vous nous privez !!!! Je veux parler du savoir et de l’accès à la connaissance ; plus que jamais en ces temps de chaos sanitaires, sociaux et économiques, la nation a besoin de cultiver son esprit critique! Afin que le pays, voire toute l’Europe entière, ne tombe pas dans une folie incontrôlable. Ce monde devient fou et je vais vous le démontrer. Résistez à la peur . Vous n’êtes pas coupable de cette crise qui est bien là parce que 60 000 lits ont disparu ! Ne vous cachez pas Soyer courageux et fiers de vos actes. Regagnons notre liberté ! Soyons unis par la pensée de chacun de nos actes résistants et individuels comme le mien. Faisons cela au non de l’amour ! Et par amour Parce que je ne suis qu’un simple papa qui vous livre son cœur et son instinct et que je n’ai pas la compétence de rentrer dans les détails. Je vous propose pour mieux comprendre mon acte de désobéissance accompagné de cette lettre a ma fille, de prendre le temps après, d’écouter l’analyse du docteur Louis Fouché depuis ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=bGRi7ZjakNY… Soyez vous-même ! Transformez votre peur en courage et rejoignez nos rangs . Rejoignez la vie , levons nous et disons Stop a cette immense démesure nauséabonde et inutile sauf à tous nous nuire ! Enfin si vous désirez diffuser ma vidéo sur quelques réseaux que ce soit, vous avez ma « bénédiction » et pour vous faciliter le travail je l’ai publiée sur Youtube suivant ce lien https://www.youtube.com/watchv=QIAUgGu7idk&feature=youtu.be
 
 
2 novembre
 
Jour 2 et donc deuxième désobéissance pour dénoncer l’absurdité de la situation et surtout pour demander à tous de reconsidérer la situation. Oui je risque 1500 euros d’amende pour avoir, cet après-midi, fait du vélo pendant plus de 3h à plus de 1km de chez moi. lol !!!!! Depuis des années, on nous nourrit au petit lait de ce qui est bon à dire, à croire et à faire comme si nous n’étions pas capables, par nous-mêmes, de penser. Ceci est un acte militant pour votre droit à tous de faire ce qui vous rendra fier, car pouvez-vous vous lever et comprendre que la peur n’évite pas le danger? Bien au contraire « la peur est la mère de l’esclavage ». Notre monde a peur de tout. Peur de perdre ce que nous avons. Peur d’être malade. Peur de contaminer ceux que l’on aime. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de décevoir nos proches. Peur de paraître ceci ou cela. Peur de tomber. Peur de se relever. Peur de devenir différent. Peur de changer. Peur d’évoluer. Peur de prendre ses responsabilités ou de s’interposer. Peur d’avoir tort ou peur d’être mal jugé. Peur de ne plus pouvoir payer nos crédits, les études des enfants. Peur de ne rien leur laisser…. En fait je crois bien que la peur du gendarme arrive en dernier … enfin jusque là. En résumé, tous, nous avons peur de passer à autre chose, d’essayer un monde différent et cela parce qu’au lieu de faire les choses pour nous et uniquement sur la raison d’amour, nous faisons quasiment toutes les choses par peur !!!! et même les choses bien au premier abord … et oui … si vous ne faites pas comme moi dès à présent dans votre vie, alors il est certain que notre pays va vivre des heures sombres rapidement ; politiquement, écologiquement, socialement et sanitairement. Mais … on peut encore espérer des jours heureux, si chacun de vous fait à sa façon, ce que je fais maintenant. Je me suis réveillé et je n’ai plus peur. Ne plus avoir peur, c’est avoir ou retrouver la foi en soi et faire confiance aux autres, car chacun peut faire le premier pas seulement à l’intérieur de lui même. Le monde vous attend 📷 et les autres aussi …
6 novembre
Bonjour à vous, voyez je désobéis face camera pour moi, pour vous … Pour que chacun transforme sa peur en courage et se lève pour dire non à tout ce que vous savez être contre vous-même, vos libertés acquises durement par nos ancêtres. La crise de la COVID, bien réelle, ne doit pas pour autant devenir un prétexte à l’arrivée en Europe de régime totalitaire, justifié de nos peurs et de notre culpabilité d’avoir désobéi à l’état et de porter sur notre personne les morts de cette pandémie, qui seront peut être nos voisins, nos amis, nos pères. Le remède ne doit jamais faire plus de mal que la maladie elle-même! Regardez autour de vous, les gens changent, s’accusent, se méprennent, et perdent leur temps dans la critique et la polémique. L’heure est au courage et à l’amour, à la créativité et à l’audace. Si vous pensez comme moi, sachez que je reçois des milliers de messages d’union positifs, de résistance pacifique suite à ma première vidéo partagée grâce à vous plus de 10 000 fois !!!! Cette fois leur LBD ne nous atteindrons pas, car nous sommes tous liés, mais protégés dans nos maisons. Profitons de cette chance qu’ils nous donnent avant de les laisser refaire la sombre histoire et levons nous français, françaises ! Quelle que soit vos opinions politiques le loup est dans la bergerie et en réalité nous ne sommes pas des moutons , nous sommes une pièce du puzzle qui peut encore renverser cette tendance nauséabonde . Soyez vous . Quelqu’un m’a envoyé la proposition de diffuser depuis nos fenêtres, nos balcons, une version de « IMAGINE » de John Lennon Samedi 7 novembre à 15h partout en France pour que chacun entende qu’il a peut être quelqu’un qui pense comme lui à côté de chez lui !!!!!Vous n’êtes pas seul . Quant à moi je continue à pédaler pour que mes mots s’envolent partout au-dessus de ce pays. Prenez soin de vous. ce lien c’est la science qui explique : »
7 novembre
Et si chaque jour à 15h nous diffusion, de nos fenêtres, de nos balcons, cet Hymne à la la paix et à l’amour !
« Imagine » un son de ralliement pour que chaque être bon dans sont cœur et perdu dans ce chaos puissent
s’apercevoir que d’autre sont leur voisin …
Ce re-confinement doit être vécu comme une dernière chance, d’avoir le temps de s’arrêter, de pouvoir observer,
sentir le monde, le ressentir et de l’embrasser dans ce qu’il a de meilleur pour en pouvoir y repousser le pire.
Le COVID nous éloigne des autres des autre par peur ou et par culpabilité, mais nous pouvons en maitrisant nos peurs, défiez cet logique!
Depuis de longue année, nous savons que le monde se dirige vers le pire socialement, écologiquement, et économiquement .
Mais nous continuons malgrès nos vie … , sans y changer grand choses… , car a quoi bon, puisque nous nous croyons seul.
Je ne ni pas l’existence de la crise et ces morts, mais je dénonce l’instrumentalisation de cet crise et de nos peurs, pour nous faire admettre graduelement,
des loi, des interdiction , des mise place de protocole de surveillance et le dictat dune seul médecine, qu’il y a seulement 1 ans nous n’en aurions jamais accepter!!
N’ayez pas peur de votre vérité, celle qui raisonne au fond de vous .
Celle qui vous rendais si seul…
et si comme moi vous pressentez cet autoritarisme arrivé sournoisement,
ouvrez votre fenêtre et faite raisonner dans votre quartier Imagine !
Jour après jour chacun se reconnaitra au travers de cette chanson diffuser par d’autre .
Commençons aujourd’hui a 15h , puis chaque jour, essayons de porter cette idée
pour que dans 1 mois « Imagine » s’envole chaque jour de partout au dessus des villes et des campagnes
comme l’affirmation de notre vigilance et de notre éveil face aux dirigeant qui voudrai nous contraindre abusivement a leur seul intérêt !!!!!!!
9 novembre
Bonjour, a tous et encore merci pour vos millier de soutient et messages. J’essaye de lire et de répondre a chacun. Je vois que mon message pour ceux qui en témoigne est majoritairement bien compris mais quand est-il pour ceux qui n’ont osez me donner leur avis par amitié ? même si ma lettre ouverte à fait 10 000 partage sa reste une goutte d’eau dans cet océan d’âme que représente notre nation.
Finalement quoi que l’on pense de cet situation de crise un point nous relis tous, elle vas changer le paradigme de nos vie a jamais car le monde d’après ne peux pas ressembler au monde d’avant. celle ci à projeter une étape du progrès technique en avant , la dématérialisation des services publique , la vente a distance , l’utilisation des robot , les fermeture en cascade des PME, l’état d’urgence et ces conseil de défense change la face de l’avenir. mai rien n’oblige a ce que cet avenir soit négatif si on prend garde en conscience des changement inévitable. chaque choses chaque changements a le choix d’aller vers une polarité plutôt qu’une autre et cela ne dépend en définitif que de la résonance vibratoire des populations concerner. Ou lala !!! mais je vous parle de quoi ?
L’ avenir dépend tous simplement de l’ émotion général de la majorité des chuchotement d’une population . cet tendance a la confiance , a la peur , a indifférence , ou a la joie prédétermine la direction de toute chose et de toute action soit a un futur sombre ou soit vers un futur lumineux.
En ce moment , privé de nature , priver de culture et contraint a suivre un grand nombre de règle, beaucoup d’humain s’éveillent à des questionnements intérieur. Moi par exemple mis en conscience subitement qu’il mettais vital de repousser la peur, j’ai choisi de faire cet vidéo devenu viral pour amener un maximum de gens à comprendre comme moi que nos peurs et notre culpabilité dans cet crise sanitaire, nous asservis a suivre des règles dicté par l’état sans forcement qu’ont réfléchisse a ce quel engendre pour nous dans le long terme.
En vérité quand je m’écoute dans mon âme et conscience, je sais comment me protéger et protéger les autre de ce virus invisible qui tente de changer la fasse du monde. L’humain n’a pas besoin d’être couper de ses espaces naturel qui on la fonction de le ressourcer dans une bonne énergie. Définis comme un être social par excellence il ne peux être contraint de ce couper de « l’autre » . L’homme a besoin de partager, d’échanger, de discuter avec les autre pour comprendre et éveiller ce qui ce passe en lui même.
Quittons nos peurs et réalisons nous dans notre quotidien en pensé et en action pour nous même et pour les autres. Nous sommes grand et ne sommes plus des enfants . En écoutant notre voix intérieur et en faisant confiance a l’autre, nous pouvons suivre notre propre protocole sanitaire, sans forcement continuer a subir le contrôle, les restrictions et tous les maux des peurs de la vibration actuel de notre nation.
La sagesse se trouve dans la beauté du monde alors je vous partage une infime pièce du puzzle de ce vivant qui attend notre résonance collective pour nous aider a reprendre le chemin vers la voix d’un monde meilleur.
Prenez soin de vous et soyer vous même par ce que la beauté apporte la joie a qui la regarde.
14 novembre
Cet après midi j’ai fait mon petit tour journalier au-dessus de ma vallée et j’ai enregistré une vidéo que je vous partagerai bientôt. Le faible débit d’internet de la maison ne me permet pas de la charger sur la plateforme. Pour les news , les autorités locales savent que je pédale en toute impunité mais n’interviennent pas. Après tout un gendarme sans uniforme est juste peut être un père de famille tout aussi inquiet que moi pour ses enfants . Ma transgression est donc plutôt une note d’espoir pour chacun d’entre nous et à nous encourager à ne pas nous laisser nous faire enfermer par les récits de la peur des médias . Nous devons trouver le courage de dire non à ces changement radicaux de société qui nous sont proposés comme unique moyen de solution à cette crise ! Les médecins doivent être libres de faire comme ils l’entendent pour sauver des vies, et la démocratie doit revenir dans notre parlement ! Soyez vigilants svp . Ce qui est au fond de vous sait ce qu’il est bon ou mauvais de faire. Ne nous laissons pas raconter ce que nous devons penser . Pensons le ! Agissons par amour et non par peur
 
 
16 novembre
Beaucoup d’entre vous m’avez invité à voir le documentaire Hold-up apportant un point de vue très différent sur la situation mondiale en 2020 de la crise du Covid et de ses impacts. Si vous êtes angoissés par cette crise et avez peur du présent, que vous ne comprenez pas pourquoi de plus en plus de gens refusent le port du masque ou pensent que ce confinement est inutile ou assassin sur le long terme, alors je vous invite à prendre le temps de regarder ce doc, ne serait-ce que pour comprendre cette dissidence grandissante à l’obéissance docile … Mais…. il vous faudra alors, surtout comprendre que ce doc n’a d’intérêt que à pointer les incohérences d’une gestion calamiteuse et nous permettre de comprendre pourquoi une part de la population a perdu toute confiance dans les autorités sanitaires. … Mais …. cela au travers une version d’explications qui n’engage que son auteur qui voudrait que le Virus appartiendrait à un plan machiavélique programmé! Perso je pense que certains humains ont surtout profité de l’occasion opportuniste pour tirer profit des peurs suscitables dues aux réalités de ce virus. Parce que la peur a toujours permis de mieux contrôler un peuple. J’en retiens que ce doc nous prouve combien une bonne partie des élites mondiales actuelles ne nous veulent pas du bien et pour autant qu’il serait naïf et dangereux de s’égarer vers toute forme de scénarii conspirationnistes contre les peuples qui pourraient encore plus se sentir désarmés de leur courage et espoirs. Car il ne faudrait pas que des révélations visant à lever le voile sur des complots mondiaux tendent à rendre la situation encore plus anxiogène et mettre encore plus les peuples dans le dangereux  » A quoi bon » ou dans « tous pourris » qui en réalité nous a conduit ici et maintenant à nous arrêter en enfer. A nous de comprendre que l’excuse sanitaire est devenue un remède pire que le mal, apportant peur, obéissance discorde et méfiance chez une grande partie d’entre nous. Nous faisant croire que l’amour est dangereux et que pour protéger ceux que nous aimons il est préférable de les mettre à l’isolement et de masquer partout et tout le temps le sourire de l’humanité . Sans exploiter toutes les pistes dissonantes des oppositions contre la radicalité de ces mesures. … Il manque à ce doc des solutions Alors … A nous de dire « NON » à la suite de notre histoire, de toutes les façons qui nous sont possibles, sans attendre que ça ne nous soit plus permis. Car le monde s’arme d’arsenal juridique pour éteindre dans l’œuf toute forme de contestations possibles. Tout porte à croire que bientôt le fait d’être contraint à obéir sans libre arbitre sera possible , et que cela puisse devenir notre quotidien. Alors …. à nous par le nombre de renverser ce scénario bien plus diabolique amené non par les vilaine méchantes élites mais bien « PAR L HUMEUR DU MONDE » . Nous sommes par définition AMOUR et ne pouvons connaître le bonheur que dans la joie des actes simples permis par notre liberté. Rien ne peut admettre être une bonne raison pour justifier que les nations du monde nous demandent de remettre en question nos droits fondamentaux à cause des servitudes de la peur. SVP pour vos enfants ,soyons unis dans nos différences pour refuser la suite …. Nous devons Imaginer nos propres solutions personnelles et collectives et nous lever avec courage, acceptant UNIQUEMENT les changements nécessaires que nous aurons nous-mêmes crées, devant les défis de ce monde. « Le péril climatique
et écologique est toujours a notre porte par exemple et les injustices dans le monde sont toujours grandissantes !  » Nous ne sommes pas seuls chacun dans notre coin à penser cela ! Alors …. pour nous reconnaître les uns des autres diffusons … chaque jour… a 20h ? depuis nos balcons et fenêtres, le son « d’Imagine » de John Lenon, pour dire à notre voisin : » Je pense comme toi j’ai ouvert les yeux, et je vais participer à la fin de cette imposture et à la construction de ce que je veux pour moi et mes enfants par ce que je préfère la lumière du matin à l’ombre du crépuscule. «
Je pense que cet vidéo est la dernière car tous le sens de mon message est dit. aussi je vous souhaite de vous trouvez comme je me suis trouver dans cet prise de conscience a dire je n’ai plus peur . Le reste vous appartient. Car maintenant l humeur ou le timbre du monde ne dépend que de nous.
 
 
FIN
Franck Boucher

 


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livres la passion de l’incertitude, Dorian ASTOR


© Éditions de l’Observatoire

Le livre du jour

“La Passion de l’incertitude”, de Dorian Astor

Catherine Portevin publié le 29 septembre 2020 3 min

« Ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou » : tandis que nous courons comme des lapins dingues sous les phares des incertitudes (sanitaires, économiques, écologiques, etc.), cet aphorisme de Nietzsche provoque. L’esprit libre par excellence, dit-il, est celui qui s’entraîne à « danser jusque sur le bord des abîmes ». Facile à dire ! Il y a un petit côté « même pas peur » viriliste, chez Friedrich… que l’on retrouve d’ailleurs dans certaines invitations à jeter nos masques aux orties. Mais il y a bien autre chose dans cet appel à la légèreté – il y a le désir de vérité et la liberté, et c’est ce que le philosophe Dorian Astor, en bon nietzschéen, explore dans un livre sensible et savant : La Passion de l’incertitude (Éd. de l’Observatoire, 2020). De l’incertitude, que l’on voit toujours un peu molle, indécise, relativiste, il fait une passion contre le despotisme des fanatismes et des opinions tranchées.

 

  • En chacun sommeille un petit despote « J’ai-Raison », que Dorian Astor reconnaît en lui-même. La philosophie elle-même, qui cherche la vérité par l’argumentation rationnelle, peut facilement devenir un art d’avoir toujours raison. Mais à sa source, il y a un désir, le désir de vérité, qui est du registre de la passion.
  • Certitude et incertitude sont liées dans ce régime passionnel. « Elles travaillent les mêmes pulsions, mais empêchées dans leurs réponses, frustrées dans leur puissance ». La certitude est une pulsion assouvie – besoin d’être en sécurité, assuré, rassuré, mais aussi soif de conquête, de maîtrise, de domination. Elle est une incertitude surmontée. C’est pourquoi elle est despotique (« on n’est certain que passionnément »). L’incertitude est une certitude ébranlée, donc « une exaspération de ses besoins, une relance de son désir »« On ne sait alors, de la certitude et de l’incertitude, laquelle déploie le plus de puissance, laquelle est action, passion ou réaction. »
  • L’incertitude est souffrance. Comme toute passion, on en pâtit. Dorian Astor examine les pathologies de l’incertitude (troubles obsessionnels, jalousie…), en notant finement : « On croit souvent que l’incertitude la plus douloureuse est celle de l’avenir. Mais rien n’est plus inquiétant qu’un passé incertain. La question “que va-t-il arriver ?” est sans commune mesure moins vertigineuse que la question “que s’est-il-passé ?” (…) L’incertitude du passé est panique de l’origine. »
  • Mais l’incertitude est aussi amour du monde, amour de ce qui arrive : on retrouve l’amor fati prôné par Nietzsche. Car « tout ce qui commence se sait avec certitude au milieu de l’incertain », donc hormis la naissance, rien n’est sûr. Dorian Astor prend l’exemple de la science, qui est désir de savoir mais se relance sans cesse par la passion de l’incertitude : « La grandeur de la science est d’avoir compliqué le monde et nous-mêmes. » Autre exemple : la passion amoureuse, qui commence par amour de la certitude et ne dure que par amour de l’incertitude.
  • C’est pourquoi le scepticisme, qui doute du réel même, est une fausse piste. Car c’est l’incertitude qui, pour le sceptique, devient certaine, mais il en supprime la passion. « Je te tiens, comédien !, s’écrie Astor (…). Tu fis passer ta passion du néant pour un néant de passion. »

 


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Baptiste Morizot

La réflexion et les écrits de Baptiste Morizot s’ancrent autour des relations entre l’humain et le vivant, et s’appuient sur des pratiques de terrain. Il milite pour la réappropriation de l’engagement pour défendre le vivant par chacun d’entre nous.

Baptiste Morizot
Baptiste Morizot  Crédits : Actes Sud – Radio France

Etre philosophe, est-ce un métier ? Est-ce une vocation ? Comment se fabrique un concept ? Et quel est le rôle du philosophe dans la cité ?

L’invité du jour

Baptiste Morizot, écrivain et maître de conférences en philosophie à l’université d’Aix-Marseille.

Un modèle cartographique

Ma pratique de la philosophie je l’imagine depuis quelques années à partir d’un modèle cartographique. Le philosophe est un artisan bien particulier qui fait des concepts et la bizarrerie de ces concepts c’est qu’ils doivent fonctionner comme des cartes. C’est-à-dire qu’ils ont pour vocation de nous orienter dans un monde compliqué.
Baptiste Morizot

Avoir une idée

Dans l’artisanat philosophique il y a une situation bien particulière qui est assez intrigante. Le travail consiste non pas à créer l’idée mais à créer le problème. A formuler le problème de manière suffisamment précise et intense pour mettre l’esprit dans une situation telle qu’il ne peut pas faire autre chose que venir avec une idée.
Baptiste Morizot

Aller vers la clarté

Quand j’ai commencé à écrire de manière vraiment très libre, je me suis rendu compte que c’était de la philosophie. J’ai redécouvert que j’avais toujours voulu faire de la philosophie, mais dans une forme particulière. Si on veut la décrire en quelques mots ce serait d’activer toutes les puissances de la sensibilité, du raisonnement, de l’intelligence pour produire des effets d’intelligibilité. J’ai énormément de gratitude pour les intellectuels et les chercheurs qui rendent enfin intelligible, c’est-à-dire clair mais aussi vivable un pan du monde qui était opaque et violent. Et ce mouvement me permet de tisser avec ce pan de la réalité opaque, une relation qui désormais fonctionne alors que jusque-là, la confusion dans laquelle on était, induisait des relations dysfonctionnelles, et c’est ça qui me porte.
Baptiste Morizot

https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/profession-philosophe-68100-baptiste-morizot-sur-la-piste-du-vivant

 


 


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citations

  • La Fontaine : « L’adversaire. d’une vraie liberté est un désir excessif de sécurité »

 

     


  • Simone Weil (philosophe humaniste):

 » C’est la liberté parfaite qu’il faut s’efforcer de se représenter clairement, non pas dans l’espoir d’y atteindre, mais dans l’espoir d’atteindre une liberté moins imparfaite que n’est notre condition actuelle ; car le meilleur n’est concevable que par le parfait. »

 


 

– Nassim Nicholas Taleb, écrivain:

“Mieux vaut avoir la conscience de l’ignorance que la certitude du savoir”

 


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Bruno LATOUR

PHILOSOPHE ET SOCIOLOGUE

Bruno Latour est professeur émérite associé au médialab de Sciences Po. Il continue d’enseigner dans le programme expérimental arts et politiques (SPEAP) de Sciences Po. A partir de janvier 2018 il est également pour deux ans fellow au Zentrum für Kuntz und Medien de Karlsruhe où il a fait déjà trois expositions et professeur à temps partiel à la Hochschule für Gestaltung (Hfg) aussi à Karlsruhe. Il a écrit et édité une vingtaine d’ouvrages. Il est membre de plusieurs académies, a reçu de nombreux doctorats honoris causa et a reçu en 2013 le Prix Holberg.

http://www.bruno-latour.fr/fr

Une interview sur France Inter il y a 6 mois : http://Récupération en cours…

et un article du 30/03/20 sur AOC qu’il rets e bon de ruminer…

Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avant-crise

PHILOSOPHE ET SOCIOLOGUE

Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu pour de bon ou au contraire accéléré. L’inventaire annuel, c’est maintenant qu’il faut le faire. A la demande de bon sens : « Relançons le plus rapidement possible la production », il faut répondre par un cri : « Surtout pas ! ». La dernière des choses à faire serait de reprendre à l’identique tout ce que nous faisions avant.

Il y a peut-être quelque chose d’inconvenant à se projeter dans l’après-crise alors que le personnel de santé est, comme on dit, « sur le front », que des millions de gens perdent leur emploi et que beaucoup de familles endeuillées ne peuvent même pas enterrer leurs morts. Et pourtant, c’est bien maintenant qu’il faut se battre pour que la reprise économique, une fois la crise passée, ne ramène pas le même ancien régime climatique contre lequel nous essayions jusqu’ici, assez vainement, de lutter.

En effet, la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise – toujours passagère – mais une mutation écologique durable et irréversible. Si nous avons de bonne chance de « sortir » de la première, nous n’en avons aucune de « sortir » de la seconde. Les deux situations ne sont pas à la même échelle, mais il est très éclairant de les articuler l’une sur l’autre. En tout cas, ce serait dommage de ne pas se servir de la crise sanitaire pour découvrir d’autres moyens d’entrer dans la mutation écologique autrement qu’à l’aveugle.

La première leçon du coronavirus est aussi la plus stupéfiante : la preuve est faite, en effet, qu’il est possible, en quelques semaines, de suspendre partout dans le monde et au même moment, un système économique dont on nous disait jusqu’ici qu’il était impossible à ralentir ou à rediriger. À tous les arguments des écologiques sur l’infléchissement de nos modes de vie, on opposait toujours l’argument de la force irréversible du « train du progrès » que rien ne pouvait faire sortir de ses rails, « à cause », disait-on, « de la globalisation ». Or, c’est justement son caractère globalisé qui rend si fragile ce fameux développement, susceptible au contraire de freiner puis de s’arrêter d’un coup.

En effet, il n’y a pas que les multinationales ou les accords commerciaux ou internet ou les tour operators pour globaliser la planète : chaque entité de cette même planète possède une façon bien à elle d’accrocher ensemble les autres éléments qui composent, à un moment donné, le collectif. Cela est vrai du CO2 qui réchauffe l’atmosphère globale par sa diffusion dans l’air ; des oiseaux migrateurs qui transportent de nouvelles formes de grippe ; mais cela est vrai aussi, nous le réapprenons douloureusement, du coronavirus dont la capacité à relier « tous les humains » passe par le truchement apparemment inoffensif de nos divers crachotis. A globalisateur, globalisateur et demi : question de resocialiser des milliards d’humains, les microbes se posent un peu là !

Cette pause soudaine dans le système de production globalisée, il n’y a pas que les écologistes pour y voir une occasion formidable d’avancer leur programme d’atterrissage.

D’où cette découverte incroyable : il y avait bien dans le système économique mondial, caché de tous, un signal d’alarme rouge vif avec une bonne grosse poignée d’acier trempée que les chefs d’État, chacun à son tour, pouvaient tirer d’un coup pour stopper « le train du progrès » dans un grand crissement de freins. Si la demande de virer de bord à 90 degrés pour atterrir sur terre paraissait encore en janvier une douce illusion, elle devient beaucoup plus réaliste : tout automobiliste sait que pour avoir une chance de donner un grand coup de volant salvateur sans aller dans le décor, il vaut mieux avoir d’abord ralenti…

Malheureusement, cette pause soudaine dans le système de production globalisée, il n’y a pas que les écologistes pour y voir une occasion formidable d’avancer leur programme d’atterrissage. Les globalisateurs, ceux qui depuis le mitan du XXe siècle ont inventé l’idée de s’échapper des contraintes planétaires, eux aussi, y voient une chance formidable de rompre encore plus radicalement avec ce qui reste d’obstacles à leur fuite hors du monde. L’occasion est trop belle, pour eux, de se défaire du reste de l’État-providence, du filet de sécurité des plus pauvres, de ce qui demeure encore des réglementations contre la pollution, et, plus cyniquement, de se débarrasser de tous ces gens surnuméraires qui encombrent la planète[1].

N’oublions pas, en effet, que l’on doit faire l’hypothèse que ces globalisateurs sont conscients de la mutation écologique et que tous leurs efforts, depuis cinquante ans, consistent en même temps à nier l’importance du changement climatique, mais aussi à échapper à ses conséquences en constituant des bastions fortifiés de privilèges qui doivent rester inaccessibles à tous ceux qu’il va bien falloir laisser en plan. Le grand rêve moderniste du partage universel des « fruits du progrès », ils ne sont pas assez naïfs pour y croire, mais, ce qui est nouveau, ils sont assez francs pour ne même pas en donner l’illusion. Ce sont eux qui s’expriment chaque jour sur Fox News et qui gouvernent tous les États climato-sceptiques de la planète de Moscou à Brasilia et de New Delhi à Washington en passant par Londres.

Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause.

Ce qui rend la situation actuelle tellement dangereuse, ce n’est pas seulement les morts qui s’accumulent chaque jour davantage, c’est la suspension générale d’un système économique qui donne donc à ceux qui veulent aller beaucoup plus loin dans la fuite hors du monde planétaire, une occasion merveilleuse de « tout remettre en cause ». Il ne faut pas oublier que ce qui rend les globalisateurs tellement dangereux, c’est qu’ils savent forcément qu’ils ont perdu, que le déni de la mutation climatique ne peut pas durer indéfiniment, qu’il n’y a plus aucune chance de réconcilier leur « développement » avec les diverses enveloppes de la planète dans laquelle il faudra bien finir par insérer l’économie. C’est ce qui les rend prêts à tout tenter pour extraire une dernière fois les conditions qui vont leur permettre de durer un peu plus longtemps et de se mettre à l’abri eux et leurs enfants. « L’arrêt de monde », ce coup de frein, cette pause imprévue, leur donne une occasion de fuir plus vite et plus loin qu’ils ne l’auraient jamais imaginé[2]. Les révolutionnaires, pour le moment, ce sont eux.

C’est là que nous devons agir. Si l’occasion s’ouvre à eux, elle s’ouvre à nous aussi. Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu pour de bon ou au contraire accéléré. L’inventaire annuel, c’est maintenant qu’il faut le faire. A la demande de bon sens : « Relançons le plus rapidement possible la production », il faut répondre par un cri : « Surtout pas ! ». La dernière des choses à faire serait de reprendre à l’identique tout ce que nous faisions avant.

Par exemple, l’autre jour, on présentait à la télévision un fleuriste hollandais, les larmes aux yeux, obligé de jeter des tonnes de tulipes prêtes à l’envoi qu’il ne pouvait plus expédier par avion dans le monde entier faute de client. On ne peut que le plaindre, bien sûr ; il est juste qu’il soit indemnisé. Mais ensuite la caméra reculait montrant que ses tulipes, il les fait pousser hors-sol sous lumière artificielle avant de les livrer aux avions cargo de Schiphol dans une pluie de kérosène ; de là, l’expression d’un doute : « Mais est-il bien utile de prolonger cette façon de produire et de vendre ce type de fleurs ? ».

Nous devenons d’efficaces interrupteurs de globalisation.

De fil en aiguille, si nous commençons, chacun pour notre compte, à poser de telles questions sur tous les aspects de notre système de production, nous devenons d’efficaces interrupteurs de globalisation – aussi efficaces, millions que nous sommes, que le fameux coronavirus dans sa façon bien à lui de globaliser la planète. Ce que le virus obtient par d’humbles crachotis de bouches en bouches – la suspension de l’économie mondiale –, nous commençons à l’imaginer par nos petits gestes insignifiants mis, eux aussi, bout à bout : à savoir la suspension du système de production. En nous posant ce genre de questions, chacun d’entre nous se met à imaginer des gestes barrières mais pas seulement contre le virus : contre chaque élément d’un mode de production dont nous ne souhaitons pas la reprise.

C’est qu’il ne s’agit plus de reprendre ou d’infléchir un système de production, mais de sortir de la production comme principe unique de rapport au monde. Il ne s’agit pas de révolution, mais de dissolution, pixel après pixel. Comme le montre Pierre Charbonnier, après cent ans de socialisme limité à la seule redistribution des bienfaits de l’économie, il serait peut-être temps d’inventer un socialisme qui conteste la production elle-même. C’est que l’injustice ne se limite pas à la seule redistribution des fruits du progrès, mais à la façon même de faire fructifier la planète. Ce qui ne veut pas dire décroître ou vivre d’amour ou d’eau fraîche, mais apprendre à sélectionner chaque segment de ce fameux système prétendument irréversible, de mettre en cause chacune des connections soi-disant indispensables, et d’éprouver de proche en proche ce qui est désirable et ce qui a cessé de l’être.

D’où l’importance capitale d’utiliser ce temps de confinement imposé pour décrire, d’abord chacun pour soi, puis en groupe, ce à quoi nous sommes attachés ; ce dont nous sommes prêts à nous libérer ; les chaînes que nous sommes prêts à reconstituer et celles que, par notre comportement, nous sommes décidés à interrompre[3]. Les globalisateurs, eux, semblent avoir une idée très précise de ce qu’ils veulent voir renaître après la reprise : la même chose en pire, industries pétrolières et bateaux de croisière géants en prime. C’est à nous de leur opposer un contre-inventaire. Si en un mois ou deux, des milliards d’humains sont capables, sur un coup de sifflet, d’apprendre la nouvelle « distance sociale », de s’éloigner pour être plus solidaires, de rester chez soi pour ne pas encombrer les hôpitaux, on imagine assez bien la puissance de transformation de ces nouveaux gestes-barrières dressés contre la reprise à l’identique, ou pire, contre un nouveau coup de butoir de ceux qui veulent échapper pour de bon à l’attraction terrestre.

Un outil pour aider au discernement

Comme il est toujours bon de lier un argument à des exercices pratiques, proposons aux lecteurs d’essayer de répondre à ce petit inventaire. Il sera d’autant plus utile qu’il portera sur une expérience personnelle directement vécue. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer une opinion qui vous viendrait à l’esprit, mais de décrire une situation et peut-être de la prolonger par une petite enquête. C’est seulement par la suite, si vous vous donnez les moyens de combiner les réponses pour composer le paysage créé par la superposition des descriptions, que vous déboucherez sur une expression politique incarnée et concrète — mais pas avant.

Attention : ceci n’est pas un questionnaire, il ne s’agit pas d’un sondage. C’est une aide à l’auto-description*.

Il s’agit de faire la liste des activités dont vous vous sentez privés par la crise actuelle et qui vous donnent la sensation d’une atteinte à vos conditions essentielles de subsistance. Pour chaque activité, pouvez-vous indiquer si vous aimeriez que celles-ci reprennent à l’identique (comme avant), mieux, ou qu’elles ne reprennent pas du tout. Répondez aux questions suivantes :

Question 1 : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles ne reprennent pas ?

Question 2 : Décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît nuisible/ superflue/ dangereuse/ incohérente ; b) en quoi sa disparition/ mise en veilleuse/ substitution rendrait d’autres activités que vous favorisez plus facile/ plus cohérente ? (Faire un paragraphe distinct pour chacune des réponses listées à la question 1.)

Question 3 : Quelles mesures préconisez-vous pour que les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs qui ne pourront plus continuer dans les activités que vous supprimez se voient faciliter la transition vers d’autres activités ?

Question 4 : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles se développent/ reprennent ou celles qui devraient être inventées en remplacement ?

Question 5 : Décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît positive ; b) comment elle rend plus faciles/ harmonieuses/ cohérentes d’autres activités que vous favorisez ; et c) permettent de lutter contre celles que vous jugez défavorables ? (Faire un paragraphe distinct pour chacune des réponses listées à la question 4.)

Question 6 : Quelles mesures préconisez-vous pour aider les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs à acquérir les capacités/ moyens/ revenus/ instruments permettant la reprise/ le développement/ la création de cette activité ?

(Trouvez ensuite un moyen pour comparer votre description avec celles d’autres participants. La compilation puis la superposition des réponses devraient dessiner peu à peu un paysage composé de lignes de conflits, d’alliances, de controverses et d’oppositions.)

 


[1] Voir l’article sur les lobbyistes déchaînés aux Etats-Unis par Matt Stoller, « The coronavirus relief bill could turn into a corporate coup if we aren’t careful », The Guardian, 24.03.20.

[2] Danowski, Deborah, de Castro, Eduardo Viveiros, « L’arrêt de monde », in De l’univers clos au monde infini (textes réunis et présentés). Ed. Hache, Emilie. Paris, Editions Dehors, 2014. 221-339.

[3] L’auto-description reprend la procédure des nouveaux cahiers de doléance suggérés dans Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique. Paris, La Découverte, 2017 et développés depuis par le consortium Où atterrir http://www.bruno-latour.fr/fr/node/841.html

 

*L’auto-description reprend la procédure des nouveaux cahiers de doléance suggérés dans Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique. Paris, La Découverte, 2017 et développés depuis par un groupe d’artistes et de chercheurs.

Et le 02/06/20 :

Êtes-vous prêts à vous déséconomiser ?

PHILOSOPHE ET SOCIOLOGUE

Que le Président s’entoure d’un conseil d’experts économistes ne peut, après la Covid-19, que susciter l’effroi. Nombreux étaient les chercheurs et les activistes qui savaient déjà combien l’économie peut apparaître détachée de l’expérience usuelle des humains mais la douloureuse expérience de la pandémie a popularisé ce décalage. Ce sont des millions de gens qui ont vécu la même expérience que Jim Carrey, le héros du Truman Show : ils ont fini par crever le bord du plateau et réalisé que le décor se détachait de l’armature métallique qui le faisait tenir debout. De cette expérience, de ce décalage, de ce doute, on ne se remet pas.

« Le chef de l’État met en place une commission d’experts internationaux pour préparer les grands défis », écrit Le Monde dans son édition du 29 mai et les journalistes d’ajouter : « “Le choix a été fait de privilégier une commission homogène en termes de profils et d’expertise, pour avoir les réponses des académiques sur les grands défis. Mais leurs travaux ne seront qu’une brique parmi d’autres, cela n’épuisera pas les sujets”, rassure-t-on à l’Elysée ». Pourquoi ne me suis-je pas senti « rassuré » du tout ? M’est revenu le souvenir de la Restauration, à laquelle la Reprise après le confinement risque de plus en plus de ressembler : comme les Bourbons de 1814, il est bien possible que la dite commission, même composée d’excellents esprits, n’ait « rien oublié et rien appris »…

Il serait bien dommage de perdre trop vite tout le bénéfice de ce que la Covid-19 a révélé d’essentiel. Au milieu du chaos, de la crise mondiale qui vient, des deuils et des souffrances, il y au moins une chose que tout le monde a pu saisir : quelque chose cloche dans l’économie. D’abord, évidemment parce qu’il semble qu’on puisse la suspendre d’un coup ; elle n’apparaît plus comme un mouvement irréversible qui ne doit ni ralentir, ni bien sûr s’arrêter, sous peine de catastrophe. Ensuite, parce que tous les confinés se sont aperçus que les rapports de classe, dont on disait gravement qu’ils avaient été effacés, sont devenus aussi visibles que du temps de Dickens ou de Proudhon : la hiérarchie des valeurs a pris un sérieux coup, ajoutant une nouvelle touche à la célèbre injonction de l’Évangile : « Les premiers (de cordée) seront les derniers et les derniers seront les premiers » (de corvée) (Mt, 19-30)…

Que quelque chose cloche dans l’économie, direz-vous, on le savait déjà, cela ne date quand même pas du virus. Oui, oui, mais ce qui est plus insidieux, c’est qu’on se dit maintenant que quelque chose cloche dans la définition même du monde par l’économie. Quand on dit que « l’économie doit reprendre », on se demande, in petto, « Mais, au fait, pourquoi ? Est-ce une si bonne idée que ça ? ».

Voilà, il ne fallait pas nous donner le temps de réfléchir si longtemps ! Emportés par le développement, éblouis par les promesses de l’abondance, on s’était probablement résignés à ne plus voir les choses autrement que par le prisme de l’économie. Et puis, pendant deux mois, on nous a extrait de cette évidence, comme un poisson sorti de l’eau qui prendrait conscience que son milieu de vie n’est pas le seul. Paradoxalement, c’est le confinement qui nous a « ouvert des portes » en nous libérant de nos routines habituelles.

Du coup, c’est le déconfinement qui devient beaucoup plus douloureux ; comme un prisonnier qui aurait bénéficié d’une permission trouverait encore plus insupportable de retrouver la cellule à laquelle il avait fini par s’habituer. On attendait un grand vent de libération, mais il nous enferme à nouveau dans l’inévitable « marche de l’économie », alors que pendant deux mois les explorations du « monde d’après » n’avaient jamais été plus intenses. Tout va donc redevenir comme avant ? C’est probable, mais ce n’est pas inévitable.

La vie matérielle n’est pas faite, par elle-même, de relations économiques.

Le doute qui s’est introduit pendant la pause est trop profond ; il s’est insinué trop largement ; il a pris trop de monde à la gorge. Que le Président s’entoure d’un conseil d’experts économistes auraient encore paru, peut-être, en janvier, comme un signe rassurant : mais après la Covid-19, cela ne peut que susciter l’effroi : « Quoi, ils vont encore nous faire le coup de recommencer à saisir toute la situation actuelle comme faisant partie de l’économie ? Et confier toute l’affaire à une ‘commission homogène en termes de profils et d’expertise’». Mais, sont-ils encore compétents pour saisir la situation comme elle nous est apparue à la lumière de cette suspension imprévue ?

Que l’économie puisse apparaître comme détachée de l’expérience usuelle des humains, nombreux sont les chercheurs et les activistes qui le savaient, bien sûr, mais la douloureuse expérience de la pandémie, a popularisé ce décalage. Ce sont des millions de gens qui ont vécu la même expérience que Jim Carrey, le héros du Truman Show : ils ont fini par crever le bord du plateau et réalisé que le décor se détachait de l’armature métallique qui le faisait tenir debout. De cette expérience, de ce décalage, de ce doute, on ne se remet pas. Vous ne ferez jamais rentrer Carrey une deuxième fois sur votre plateau de cinéma — en espérant qu’il « marche » à nouveau !

Jusqu’ici, le terme spécialisé pour parler de ce décalage était celui d’économisation. La vie matérielle n’est pas faite, par elle-même, de relations économiques. Les humains entretiennent entre eux et avec les choses dans lesquelles ils s’insèrent une multitude de relations qui mobilisent une gamme extraordinairement large de passions, d’affects, de savoir-faire, de techniques et d’inventions. D’ailleurs, la plupart des sociétés humaines n’ont pas de terme unifié pour rendre compte de cette multitude de relations : elles sont coextensives à la vie même. Marcel Mauss depuis cent ans, Marshall Sahlins depuis cinquante, Philippe Descola ou Nastassja Martin aujourd’hui, bref une grande partie de l’anthropologie n’a cessé d’explorer cette piste[1].

Il se trouve seulement que, dans quelques sociétés récentes, un important travail de formatage a tenté (mais sans jamais y réussir complètement) de réduire et de simplifier ces relations, pour en extraire quelques types de passion, d’affect, de savoir-faire, de technique et d’invention, et d’en ignorer tous les autres. Utiliser le terme d’économisation, c’est souligner ce travail de formatage pour éviter de le confondre avec la multitude des relations nécessaires à la continuation de la vie. C’est aussi introduire une distinction entre les disciplines économiques et l’objet qui est le leur (le mot « disciplines » est préférable à celui de « sciences » pour bien souligner la distance entre les deux). Ces activités procèdent au formatage, à ce qu’on appelle des « investissements de forme », mais elles ne peuvent tenir lieu de l’expérience qu’elles simplifient et réduisent. La distinction est la même qu’entre construire le plateau où Jim Carrey va « se produire » et diffuser la production dans laquelle il va devoir jouer.

L’habitude a été prise de dire que les disciplines économiques performent la chose qu’elles étudient — l’expression est empruntée à la linguistique pour désigner toutes les expressions qui réalisent ce qu’elles disent par l’acte même de le dire — promesses, menaces ou acte légal[2]. Rien d’étrange à cela, et rien non plus de critique. C’est un principe général qu’on ne peut saisir un objet quelconque sans l’avoir préalablement formaté.

Par exemple, il y a aujourd’hui peu de phénomène plus objectif et mieux assuré que celui de l’asepsie. Pourtant, quand je veux prouver à mon petit-fils de dix ans, l’existence de l’asepsie, je dois lui faire apprendre l’ensemble des gestes qui vont conserver à l’abri de toute contamination le bouillon de poulet qu’il a enfermé dans un pot à confiture (et ce n’est pas facile à expliquer par Zoom pendant le confinement). Il ne suffit pas de lui montrer des ballons de verre sortis des mains du verrier de Pasteur dont le liquide est encore parfaitement pur après cent cinquante ans. Il faut qu’Ulysse obtienne la réalisation de ce fait objectif par l’apprentissage de tout un ensemble de pratiques qui rendent possible l’émergence d’un phénomène entièrement nouveau : l’asepsie devient possible grâce à ces pratiques et n’existait pas auparavant (ce qui va d’ailleurs créer, pour les microbes, une pression de sélection tout à fait nouvelle, elle aussi). La permanence de l’asepsie comme fait bien établi dépend donc de la permanence d’une institution — et des apprentissages soigneusement entretenus dans les laboratoires, les salles blanches, les usines de produits pharmaceutiques, les salles de travaux pratiques, etc.

En poursuivant le parallèle, l’économisation est un phénomène aussi objectif, mais également aussi soigneusement et obstinément construit, que l’asepsie. Il suffit qu’Ulysse fasse la moindre erreur dans l’ébouillantement de son flacon de verre, ou dans la mise sous couvercle, et, dans quelques jours, le bouillon de poulet sera troublé. Il en est de même avec l’économisation : il suffit de nous laisser deux mois confinés, hors du cadrage habituel, et voilà que les « mauvaises habitudes » reviennent, que d’innombrables relations dont la présence étaient oubliée ou déniée se mettent à proliférer. Se garder des contaminations est aussi difficile que de rester longtemps économisable. La leçon vaut pour la Covid aussi bien que pour les disciplines économiques. Il faut toujours une institution en bon état de marche pour maintenir la continuité d’un fait ou d’une évidence.

L’Homo oeconomicus existe mais il n’a rien de naturel, de natif ou de spontané. Relâchez la pression, et voilà qu’il s’émancipe, comme les virus soudainement abandonnés dans un laboratoire dont on aurait coupé les crédits

Pas plus que les microbes n’étaient préparés à se trouver affrontés aux gestes barrières de l’asepsie inventés par les pastoriens, les humains plongés dans les relations matérielles avec les choses dont ils jouissaient, ne s’étaient préparés au dressage que l’économisation allait leur imposer à partir du 18ème siècle. De soi, personne ne peut devenir un individu détaché, capable de calculer son intérêt égoïste, et d’entrer encompétition avec tous les autres, à la recherche d’un profit. Tous les mots soulignés désignent des propriétés qui ont fini par exister bel et bien dans le monde, mais qu’il a fallu d’abord extraire, maintenir, raccorder, assurer par un immense concours d’outils de comptabilité, de titres de propriétés, d’écoles de commerce et d’algorithmes savants. Il en est de l’Homo oeconomicus comme des lignées pures de bactéries cultivées dans une boite de Pétri : il existe, mais il n’a rien de naturel, de natif ou de spontané. Relâchez la pression, et voilà qu’il s’émancipe, comme les virus soudainement abandonnés dans un laboratoire dont on aurait coupé les crédits — prêts à faire ensuite le tour du monde.

On peut même aller plus loin. Dans un livre plein d’humour (et dans un article récent de Libération), David Graeber fait la suggestion que la « mise en économie » est d’autant plus violente que le formatage est plus difficile et que les agents « résistent » davantage à la discipline[3]. Moins l’économisation paraît réaliste, plus il faut d’opérateurs, de fonctionnaires, de consultants, de comptables, d’auditeurs de toutes sortes pour en imposer l’usage. Si l’on peut assez facilement compter le nombre de plaques d’acier qui sortent d’un laminoir : un œil électronique et une feuille de calcul y suffiront ; pour calculer la productivité d’une aide-soignante, d’un enseignant ou d’un pompier, il va falloir multiplier les intermédiaires pour rendre leur activité compatible avec un tableau Excel. D’où, d’après Graeber, la multiplication des « jobs à la con ».

Si l’expérience de la pandémie a un sens, c’est de révéler la vitesse à laquelle la notion de productivité dépend des instruments comptables. Oui, c’est vrai, on ne peut pas calculer bien exactement la productivité des enseignants, des infirmières, des femmes au foyer. Quelle conclusion en tirons-nous ? Qu’ils sont improductifs ? Qu’ils méritent d’être mal payés et de se tenir au bas de l’échelle ? Ou que c’est sans importance, parce que ce le problème n’est pas là ? Quel que soit le nom que vous donniez à leur « production », elle est à la fois indispensable et incalculable : eh bien, que d’autres s’arrangent avec cette contradiction : cela veut simplement dire que ces activités appartiennent à un genre d’action inéconomisable. C’est la réalisation par tout un chacun que ce défaut de comptabilité est « sans importance » qui sème le doute sur toute opération d’économisation. C’est là où la prise économique sur les conditions de vie se sépare de ce qu’elle décrivait, comme un pan de mur craquelé se détache du décor.

« Mais sûrement, diront les lecteurs, à force de disciplines économiques qui instituent l’économie comme extraction des relations qui permettent la vie, nous, en tous cas, nous les producteurs et les consommateurs des pays industriels, nous sommes biendevenus, après tant de formatage, des gens économisables de part en part et sans quasi de résidu. Il peut bien exister ailleurs, autrefois, et dans les émouvants récits des ethnologues, d’autres façons de se relier au monde, mais c’est fini pour toujours, en tous cas pour nous. Nous sommes bel et bien devenus ces individus égoïstes en compétition les uns avec les autres, capables de calculer nos intérêts à la virgule près ? »

C’est là, où le choc de la Covid oblige à réfléchir : croire à ce caractère irréversible, c’est comme de croire que les progrès de l’hygiène, des vaccins, et des méthodes antiseptiques nous avaient débarrassé pour toujours des microbes… Ce qui était vrai en janvier 2020, ne l’est peut-être plus en juin 2020.

Il suffit d’une pause de deux mois pour réussir ce que les nombreux travaux des sociologues des marchés et des anthropologues des finances n’auraient jamais pu obtenir : la conviction largement partagée que l’économie tient aussi longtemps que l’institution qui la performe — mais pas un jour de plus. Le pullulement des modes de relations nécessaires à la vie continue, déborde, envahit l’étroit format de l’économisation, comme le grouillement des milliards de virus, de bactériophages et de bactéries continue de relier, de milliards de façons différentes, des êtres aussi éloignés que des chauve-souris, des chinois affamés ou gastronomes, sans oublier peut-être Bill Gates et le Dr Fauci. En voilà une contamination : d’une cinquantaine de collègues à des dizaines de millions de personnes qui rejoignent sans coup férir les très nombreux mouvements, syndicats, partis, traditions diverses qui avaient déjà de très bonnes raisons de se méfier de l’économie et des économistes (aussi « experts », « homogènes » et qualifiés qu’ils soient). L’infortuné Jim Carrey est devenu foule.

Ce que la pandémie rend plus intense, ce n’est donc pas simplement un doute sur l’utilité et la productivité d’une multitude de métiers, de biens, de produits et d’entreprises — c’est un doute sur la saisie des formes de vie dont chacun a besoin pour subsister par les concepts et les formats venus de l’économie. La productivité — son calcul, sa mesure, son intensification — est remplacée peu à peu, grâce au virus, par une question toute différente : une question de subsistance. Là est le virage ; là est le doute ; là est le ver dans le fruit : non pas que et comment produire, mais « produire » est-il une bonne façon de se relier au monde ? Pas plus qu’on ne peut continuer de « faire la guerre » au virus en ignorant la multitude des relations de coexistence avec eux, pas plus on ne peut continuer « à produire » en ignorant les relations de subsistance qui rendent possible toute production. Voilà la leçon durable de la pandémie.

Et pas simplement parce que, au début, pendant deux mois, on a vu passer beaucoup de cercueils à la télé et entendu des ambulances traverser les rues désertes ; mais aussi parce que, de fil en aiguille, de questions de masques en pénurie de lits d’hôpital, on en est venu à des questions de valeur et de politique de la vie — ce qui la permet, ce qui la maintient, ce qui la rend vivable et juste.

Au début, bien sûr, c’était empêcher la contagion, par l’invention paradoxale de ces gestes barrières qui exigeaient de nous, par solidarité, de rester enfermés chez nous. Ensuite, deuxième étape, on a commencé à voir proliférer en pleine lumière ces métiers de « petites gens » dont on s’apercevait, chaque jour davantage, qu’ils étaient indispensables — retour de la question des classes sociales, clairement racialisées. Retour aussi des durs rapports géopolitiques et des inégalités entre pays, rendus visibles (c’est là une autre leçon durable) produit par produit, chaîne de valeur par chaîne de valeur, route de migration par route de migration.

Troisième étape, la hiérarchie des métiers a commencé à s’ébranler : on se met à trouver mille qualités aux métiers mal payés, mal considérés, qui exigent du soin, de l’attention, des précautions multiples. Les gens les plus indifférents se mettent à applaudir les « soignants » de leur balcon ; là où ils se contentaient jusqu’ici de tondre le gazon, les cadres supérieurs s’essayent à la permaculture ; même les pères en télétravail s’aperçoivent que, pour enseigner l’arithmétique à leurs enfants, il faut mille qualités de patience et d’obstination dont ils n’avaient jamais soupçonné l’importance.

Va-t-on s’arrêter là ? Non, parce que le doute sur la production possède une drôle de façon de proliférer et de contaminer de proche en proche tout ce qu’il touche : dès qu’on commence à parler de subsistance ou de pratiques d’engendrement, la liste des êtres, des affects, des passions, des relations qui permettent de vivre ne cesse de s’allonger. Le formatage par l’économisation avait justement pour but, comme d’ailleurs l’asepsie, de multiplier les gestes barrières afin de limiter le nombre d’êtres à prendre en compte, dans tous les sens du mot. Il fallait empêcher la prolifération, obtenir des cultures pures, simplifier les motifs d’agir, seul moyen de rendre les microbes ou les humains, connaissables, calculables et gérables. Ce sont ces barrières, ces barrages, ces digues qui ont commencé à craquer avec la pandémie.

Le nouveau régime climatique, surajouté à la crise sanitaire, fait peser sur toute question de production un doute si fondamental qu’il ne fallait que deux mois de confinement pour en renouveler l’enjeu.

Ce qui n’aurait pas été possible sans la persistance d’une autre crise qui la déborde de toute part. Par une coïncidence qui n’est d’ailleurs pas complètement fortuite, le coronavirus s’est répandu à toute vitesse chez des gens déjà instruits de la menace multiforme qu’une crise de subsistance généralisée faisait peser sur eux. Sans cette deuxième crise, on aurait probablement pris la pandémie comme un grave problème de santé publique, mais pas comme une question existentielle : les confinés se seraient gardés de la contagion, mais ils ne se seraient pas mis à discuter s’il était vraiment utile de produire des avions, de continuer les croisières dans des bateaux géants en forme de porte-conteneurs, ou d’attendre de l’Argentine qu’elle fournisse le soja nécessaire aux porcs bretons. Le nouveau régime climatique, surajouté à la crise sanitaire, fait peser sur toute question de production un doute si fondamental qu’il ne fallait que deux mois de confinement pour en renouveler l’enjeu. D’où l’extension prodigieuse de la question de subsistance.

Si la crise sanitaire a rappelé le rôle des petits métiers, si elle a donné une importance nouvelle aux professions du soin, si elle a rendu encore plus visible les rapports de classe, elle a aussi peu à peu rappelé l’importance des autres participants aux modes de vie, les microbes d’abord, et puis, de fil en aiguille tout ce qu’il faut pour maintenir en état une économie dont on s’imaginait jusqu’ici qu’elle était la totalité de l’expérience et qu’elle allait « reprendre ». Même la journaliste la plus obtuse qui continue à opposer ceux qui se préoccupent du climat et ceux qui veulent « remplir le frigo », ne peut plus ignorer qu’il n’y a rien dans le frigo qui ne dépendent du climat — sans oublier les innombrables micro-organismes associés à la fermentation des fromages, des yaourts et des bières…

Une citation du livre de Graeber sur l’origine de la valeur (vieux débat chez les économistes) résume la situation nouvelle. Il rappelle que la notion de valeur-travail était devenue une évidence au 19ème siècle avant de disparaître sous les coups de boutoir du néolibéralisme au 20ème — ce siècle si oublieux de ces conditions de vie. D’où l’injustice sur les causes de la valeur résumée par cette phrase : « Aujourd’hui, si vous évoquez les ‘producteurs de richesses’, tout le monde pensera que vous voulez parler des capitalistes, certainement pas des travailleurs. » Mais une fois remise en lumière l’importance du travail et du soin, voilà que l’on s’aperçoit très vite que bien d’autres valeurs, et bien d’autres « travailleurs » doivent passer à l’action pour que les humains puissent subsister. Pour capter la nouvelle injustice, il faudrait réécrire la phrase de Graeber : « Aujourd’hui, si vous évoquez les ‘producteurs de richesses’ tout le monde pensera que vous parlez des capitalistesou des travailleurs, certainement pas des vivants ».

Sous les capitalistes, les travailleurs, et sous les travailleurs, les vivants. La vieille taupe continue toujours à bien travailler ! L’attention s’est décalée non pas d’un cran, mais de deux. Le centre de gravité s’est décalé lui aussi.[4] D’autres sources de la valeur se sont manifestées. C’est ce monde-là qui apparaît en pleine lumière, refuse absolument d’en rester au statut de « simple ressource » que lui octroie par condescendance l’économie standard, et qui déborde tous les gestes barrières qui devaient les tenir éloignés. C’est très bien de produire, mais encore faut-il subsister ! Quelle étonnante leçon que celle de la pandémie : on croit qu’il est possible d’entrer en guerre avec les virus, alors qu’il va falloir apprendre à vivre avec eux sans trop de dégât pour nous ; on croit qu’il est souhaitable d’effectuer une Reprise Économique, alors qu’il va probablement falloir apprendre à sortir de l’Économie, ce résumé simplifié des formes de vie


[1] Immense littérature, mais en vrac, Sahlins, Marshall. Âge de pierre, âge d’abondance. Economie des sociétés primitives. Paris: Gallimard, 1976 ; Descola, Philippe. The Ecology of Others (translated by Geneviève Godbout and Benjamin P. Luley). Chicago: Prickly Paradigm Press, 2013 ; Martin, Nastassja. Les âmes sauvages. Face à l’Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska. Paris: La Découverte, 2016 ; et pour les sociétés industrielles, Callon, Michel, ed. Sociologie des agencements marchands. Textes choisis. Paris: Presses de l’Ecole nationale des mines de Paris, 2013 ; Mitchell, Timothy. Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole (traduit par Christophe Jacquet). Paris: La Découverte, 2013.

[2] MacKenzie, Donald, Fabian Muniesa, and Lucia Siu, eds. Do Economists Make Markets? On the Performativity of Economics. Princeton: Princeton University Press, 2007.

[3] 2018. Bullshit Jobs. Paris: Les liens qui libèrent, David Graeber (traduit par Elise Roy) ; et son opinion dans Libération https://www.liberation.fr/debats/2020/05/27/vers-une-bullshit-economy_1789579

[4] C’est toute l’entreprise de philosophie des vivants déployée par Baptiste Morizot et en particulier sa critique de la notion même de production.

Bruno Latour

PHILOSOPHE ET SOCIOLOGUE,

 


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